Torres del Paine, le récit
Je suis revenu vivant.
La théorie
deux filles, hollandaises, docteurs, un garçon français, porteur de tente.
9 jours, 96km
3 sacs entre 12 et 18 kilos, les filles prennent soin du garçon et tout ce joli monde se ballade et prend des jolis photos du parc national des Torres del Paine.
La pratique
5 jours 76km
Le garçon porte toujours la tente et les filles suivent.
Le climat
Du vent. Non, DU VENT. Du vrai vent, du vent fouettant, du vent qui emmène les pierres, la poussière et fouette les jambes, du vent qui balaye le lac et vous envoie une pluie sur la figure, du vent qui te colle par terre, que tu aies ton sac ou non, que tu sois sur le sentier au bord du canion qui descend à pic vers la rivière 500 mètres plus bas ou pas.
Du soleil trouant la peau, la couche d’ozone étant toute défonçée, le soleil troue tout, même à travers les nuages, il transperce. On aimerait que ça s’arrête parfois, on pense à se découvrir, mais ce n’est jamais vraiment la bonne idée. Alors on se trimballe le sac + le poncho, pour aider à transpirer un peu plus, et éviter tout contact avec le soleil.
La neige qui fouette le visage et les jambes. Une petite neige qui ne reste pas, mi grêlons mi pluie cristalisée, on voit encore des bouts de ciel bleu au loin, mais la neige est là.
La pluie aussi. La pluie qui arrive sans prévenir, qui reste 5 minutes, le temps de te rafraîchir beaucoup trop, et puis qui repart aussi sec, une fois que tu as eu le temps de mettre ton kway et tout ton équipement anti pluie.
Et enfin, des mini-tornades. Probablement dûes au mélange des vents froids venant du glacier et des vents chauds qui passent dans la vallée, les deux se rencontrent et forment une tornade, qui se déplace, qui elle aussi fouette, te colle par terre, et quand elle se déplace jusqu’à l’eau forme un mini-cyclone.
En bref, ce lieu est probablement un paradis pour les météorologues puisqu’on y trouve un peu de tout. A se demander finalement pourquoi les gens vont se ballader là bas pour se faire trimballer par les colères climatiques.
Le décor de Torres del Paine
Le diabéte
L’une des hollandaises, Stella est diabétique. Heureusement elle est également médecin, ce qui fait qu’elle est plutôt complètement indépendante de ce côté là et qu’elle n’avait vraiment pas besoin de moi pour quoi que ce soit. Ce que ça implique pour le groupe c’était surtout des checks permanents du taux d’insuline. Après chaque heure de montée, chaque dîner, chaque descente, chaque nuit, il fallait checker. Mine de rien, cela nous apporte l’information dont on se doutait tous, le fait qu’on dépense beaucoup d’énergie. Après chaque check en-dessous de la norme, elle avalait donc entre 5 et 10 bonbons sucriximisés. Et puis ça repart.
Le camping
Comme diraient certains, j’ai fait du camping avec mes parents quand j’étais jeune. La principale différence, est que portage de bagages obligeant, on a pas tout le luxe qu’on aimerait. Du coup on supprime le superflux, on garde l’essentiel, chaque gramme compte. le soir quand on arrive, on a pas envie de faire grand chose, et on a pas grand chose à faire en fait. Un thé, des pates hyophilisées, et hop au dodo pour être d’attaque. En gros, la rando à sac à dos, ça donne un chargement du genre bouffe + gaz + tente + sacs de couchage + fringues pour 3 personnes pendant 9 jours, alors forcément, quand on retire les livres, tout ce qui est électriquement parlant rechargeable, il ne reste plus grand chose.
J’ai dû me séparer de mon pc pendant 5 jours, et c’était pas évident, mais porter 4kg de plus n’était vraiment pas pensable, surtout pour pouvoir utiliser 2heures30 de batterie.
Les paysages :
C’était magnifique. Ca fait de la peine quand on repart. Des montagnes, des glaciers de 30 mètres de haut qui s’étendent à l’infini, des lacs bleus qui reçoivent l’eau très fraîche des glaciers, et des forêts. Comparés à la nature, on se sent tout hobbit. Le seigneur des anneaux n’est pas si loin, on dirait alors que notre anneau, notre fardeau, était notre sac à dos, carapace et maison le temps du trekking.
C’est en fait tout ce décor, ces paysages qui rendent toute la rando intéressante, vraiment magique. On en oublie le sac à dos quand on marche en s’approchant de ces montagnes, quand on longe le lac bleu, ou quand on pénètre dans une forêt. Le glacier était également incroyable, si petit.. on est rien face à cette grande nature. La terre notre mère. L’autre côté naturel et impressionnant de la ballade est que c’est un parc naturel super protégé. On boit donc l’eau des rivières tout du long, et elle est à la fois fraîche et délicieuse. Ca manque également quand on revient à la civilisation.
Top³
Je tourbillonne dans des tempêtes d’émotions de différents types et j’en suis relativement conscient. La première, c’est ce voyage fantastique à l’autre bout du monde, ce n’est pas la première fois, mais la culture, le pays, les paysages, les gens, le tout est vraiment prenant, je vis chaque instant à fond. La deuxième c’est comme je le disais dans un post précédent, la mort du père d’un très bon copain, qui me fait ressortir et revivre pas mal des moments et des sensations de la mort du mien. Avec le recul, c’est évidemment différent maintenant, mais penser que Simon traverse ça en ce moment me replonge un peu dedans. La troisième, c’est cette belle hollandaise, Elseline que j’ai rencontré à Ushuaïa et avec qui je voyage depuis maintenant 10 jours. C’est spécial et différent, même si le temps nous est très compté, ça joue un gros rôle dans chacune de mes journées.
Tout ça pour dire que je vis des instants intenses et que je profite de chaque seconde à fond.
Voici pour le trekking et le p’tit brief emotionnel.
Je suis maintenant à El Calafate, de retour en Argentine. Le temps presse et je commence les cours dans une semaine environ, alors il va me falloir remonter et abandonner la belle Elseline.
que ceux qui n avaient pas vu le coup de la hollandaise arrivee sortent, merci.je pense bien a toi.bisous
Isabel Allende se souvient du Chili: »Par endroits pointent les splendeurs rouges et blanches des copihues et autres fleurs qui vivent à ces hauteurs, mélées aux arbres comme une verroterrie lumineuse. On sent le souffle des dieux, présences palpitantes et absolues dans ce monde magnifique de précipices aux parois vertigineuse polies par la neige, qui leur communique la sensuelle perfection du marbre. Puis l’eau, et l’eau encore. Cristalline, elle glisse comme un serpent effilé par les fissures des rochers dans les profondeurs du sol pour former, plus loin, ruisseaux et cascades. Soudain le cri tout proche d’un oiseau, ou la chute d’une pierre, me fait sursauter, mais la paix revient vite dans cette immensité et je me rends compte que je pleure de bonheur. Ce voyage, plein d’obstacles et de périls cachés, mais aussi de solitude enfin trouvée et d’indescriptible beautée, est le symbole de ma propre vie.(…)Lorsque je dis « Chili », c’est celui-là que j’évoque.ça mfaisait penser à tes aventures, etje trouvais cela « à propos », j’espère que tu apprecieras….
Bon, j’ai pas de belle citation d’Allende à te fournir (fo pas déconner, chui a l’istec pas a science po), mais je peux quand même te donner quelques nouvelles. Ici le dépaysement n’est toujours pas au rendez-vous, ce matin 5 heures d’etude de cas franconie (un grand moment de vie), demain journée de partiel et pi apres… bin apres, plus rien, fini l’istec, fini les cours, fini les apé… non faut pas déconner les apéros c comme les glaciers au Chili, été comme hiver ca s’arrete jamais ! Donc voila dés lundi début de stage, 8 mois intense de boulot comme un salarié lambda le smic en moins… Bref il me tarde déja votre retour pour voir ou j’en serai.
Bonne semaine d’intégration et bonne continuation, a tres vite.
Emile RRROOOOUUU x