La crise est-elle au fond une question philosophique?

Je continue de faire le passe plat pour Paul Jorion en attendant une solution durable. Voici son message:

Patrice Bollon (Philosophie Magazine – Magazine Litteraire) me demande:

« La Crise » est-elle, au fond du fond, une question philosophique et même métaphysique? (au sens qu’il faudrait remettre en question certains de nos présupposés de pensée les plus tenaces pour arriver à la comprendre et, surtout, lui ouvrir une vraie « voie de sortie »)

Ma réponse :
L’utopiste, selon Werner Sombart, suppose l’homme aimé de Dieu et capable de faire revivre sa bonté naturelle grâce à l’instruction. La preuve est faite du contraire : l’homme est, comme Hobbes le reconnut lui, sans bonté naturelle et non nécessairement réformable par la connaissance. L’homme hobbesien accepta pour se protéger contre une insécurité trop grande de sacrifier une partie de sa liberté dans le contrat social.

La méchanceté de l’homme atteint aujourd’hui les limites qu’ont définies pour lui le comportement « colonisateur » de son espèce : ayant envahi complètement l’espace dont il dispose et ayant ruiné par sa propre industrie la capacité de son environnement à le supporter, son sort biologique naturel est l’extinction.

Sa capacité à l’autoréflexion lui ont cependant permis de générer deux méthodes : la raison qui lui permet d’évaluer les difficultés qu’il rencontre et d’éventuellement les résoudre, et l’éthique qui lui permet de contenir les conséquences de sa méchanceté naturelle.

La méchanceté naturelle de l’homme doit-elle nous conduire à souhaiter pour le bonheur futur de sa planète, sa disparition ? Ou bien faut-il considérer que l’émergence en lui de la raison et de l’éthique suffisent à faire espérer sa survie ?

La preuve sera dans le pudding : l’espèce disparaîtra si sa méchanceté l’emporte – et elle méritera donc son sort, elle survivra au contraire si ce sont la raison et l’éthique qui prennent le dessus – et sa survie en soi aura alors apporté la justification de son salut.

Un Dieu juste n’aurait pas pu imaginer un dispositif expérimental plus idéal. Il lui aura fallu bien sûr être patient, mais il peut-être rassuré : le test se joue aujourd’hui sous nos yeux.

Une réflexion sur “La crise est-elle au fond une question philosophique?

  • 28 octobre 2009 à 18 h 59 min
    Permalien

    Où l’on voit que Jorion est avant tout anthropologue.
    Quand un homme augmente sa part du gâteau, il réduit celle des autres. Acheter une berline allemande c’est comme écrire sur un chèque: je veux que trois enfants africains meurent.

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