Petit altermondialiste rêve de changer le monde
C’est un ramassi de pensée, une vidange de cerveau, une fin de chapitre que j’ai écrit le 1er octobre 2009 à Rotterdam, quelques heures avant mon retour en France. Cela retrace pas mal de choses dans un désordre sympatique. Piochez ce que vous pouvez, oubliez le reste.
On y retrouve mon état d’esprit à la sortie du chapitre étudiant, juste avant le retour en France, et puis je repasse en vitesse sur mon évolution et mon parcours (surtout sur le net) de site d’infos en site d’infos, constituant ma conscience de petit altermondialiste. J’en profite un peu pour recracher sur le pyramidal et réaffirmé des évidences. Certaines informations sont déjà obsolètes: j’ai quitté le transitioner fin novembre, les relire maintenant donnent une autre dimension. En changement permanent… en changement permanent…
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Jeudi 1er octobre 2009, 2 heures du matin, Rotterdam chez Julien et Paula
Fin d’un monde.
Musique: Gotye – heart’s a mess – Supermayer supermess remix
Mood: happy happy strange
Fin d’un monde
Aujourd’hui je finis le dernier jour de mon stage. Aujourd’hui je finis le dernier jour de ma vie étudiante. J’entre dans l’autre monde: celui où l’on pense qu’on a assez étudié et qu’il est temps de voir ce qu’on sait vraiment faire. Le passage à l’acte.
Après 25 ans à s’imbiber, à recevoir, à accumuler, à traiter, à analyser et à remâcher continuellement il est temps de voir ce que j’ai appris et ce que je puis faire pour faire avancer ce monde. Ca s’appelle la réalité et je vais m’y attaquer sérieusement. Il est temps.
Strange strange but nice
Je quitte la Hollande avec ce nouveau sentiment, chaque fois c’est différent. Cette fois c’est strange strange but nice. Strange parce que je suis venu pour vivre avec Elseline et que ça n’a pas marché. Strange parce que je suis resté, grâce à la passion et l’intérêt pour la mission d’assistant dans l’organisation de la Conférence Internationale de Recherche en Développement Durable (avec les majuscules, c’est marketing) à l’université d’Utrecht. Nice parce que ces deux mois ont été uniques et que les quatre qui ont suivi aussi. Je suis resté là où beaucoup seraient rentrés. Je me suis adapté. Je suis devenu nomade, squattant en Juin et Septembre en hostels ou colloc en Juillet et Août et fin septembre. Je n’avais parfois que la clé de mon bureau et celle de mon vélo, sans réelle attache physique à quelque toit que ce soit. J’ai vécu deux phases complètement riches et différentes qui ont toutes les deux créé beaucoup de rencontres et de magnifiques moments. La facilité de la Hollande, c’est que c’est à 4h de Paris donc contrairement au Mexique et à l’Argentine, on sait qu’ils viendront bientôt bénéficier d’un WE touristique à la zoupiquerie pour visiter Paris.
Organisation du futur
Je passe ma vie à organiser mon futur et s’il y a un moment que j’ai longtemps attendu, c’est celui là. En retrouvant les feuilles de la présentation de mon projet professionnel en Juin 2009 j’avais écris en gros OCTOBRE 2009 comme la case de sélection vers les différentes options ou choix qui s’ouvriraient à moi, et c’est avec joie et plaisir que je rejoins demain en rentrant à Paris le groupe d’organisation de la communauté du Transitioner où je suis déjà actif en tant que membre.
Passer de la vie étudiante au monde de l’abondance en donnant mon temps à une organisation non profit est exactement ce que je cherchais. Après avoir passé 5 ans en école de commerce à apprendre comment rendre les ressources rares et chères, je vais maintenant appliquer le procédé inverse en créant et partageant des ressources de manières abondantes et en créant des moyens d’échanges abondants pour pouvoir échanger et partager les biens et connaissances de façon plus équitable.
Créer du profit n’est pas mon but ultime. Créer de la richesse et assurer son partage me paraît plus judicieux. L’accumulation c’est la stagnation et c’est la mort du flux. Je ne suis qu’un petit maillon qui cherche à fluidifier le flux et repenser les tuyaux.
Ecrire demain
Demain à l’arrivée du train je rejoins le 209, je rallume mon pc et capte le wifi, bois beaucoup d’eau [ndZ: j’ai 4 étages pour rentrer chez moi] et me réjouis de la nouvelle installation et de la propreté. Je passe ensuite à l’istec histoire de croiser du monde, je rejoins ensuite les copains au Quai ouest et peut-être rejoindrais-je le groupe The Transitioner. Vendredi open forum, rencontre de Jean-François, moment très attendu. Après avoir quitté Walter aujourd’hui, c’est comme un changement de maître, l’accès au niveau supérieur, un changement de stratégie et de terrain mais une énergie et une optimisation de la motivation parfaite. Je suis au meilleur endroit possible, là où je peux apporter le meilleur de moi même et faire changer les choses.
Rejoindre The Transitioner (TT)
Depuis Avril où j’ai découvert les monnaies libres, je n’ai cessé d’harvester à droite à gauche, tout ce que je pouvais trouver sur le sujet et absorber un maximum d’information. J’ai assez vite contribué sur la traduction de la vidéo d’introduction aux free currencies et à l’open economy. Après j’ai commenté, alimenté et participé au sein de la communauté et via Twitter lors des événements à distance. Au fur et à mesure je commençais à comprendre et connaître les différents acteurs et les liens entre eux. J’ai réfléchi à ce qui manquait au TT et aux autres plateformes pour avancer plus vite et ce que je pouvais leur apporter avec mes petits bras et mon cerveau. Après avoir découvert et participé à la rédaction du texte d’introduction au Flowplace en français et anglais, j’ai continué à participer à l’organisation un événement en ligne d’introduction aux codeurs. En travaillant régulièrement avec Fernanda des avancées et des rouages de la grande machine j’ai pu avoir une image d’ensemble et comprendre comment fonctionner le tout, pour servir quel but et grâce à quelle énergie. C’est en offrant mon énergie à un endroit où le tout en bénéficierait que je serai donc utile à l’ensemble.
Une fois fait la combinaison de ce qui manque et de ce que je peux combler, au boulot.
J’ai travaillé et contribué tout ce temps, de façon désorganisée et asynchrone. Je n’ai toujours pas rencontré Fernanda ou Jean-François à ce jour, mais ils m’ont déjà invité à les rejoindre. C’est une sensation extraordinaire de connaître le degré de certitude que j’ai par rapport à ce choix et cette direction. C’est le meilleur endroit où je puisse être.
Le bout du chemin
C’est le bout du chemin, d’un cheminement de 3 ans depuis les incidents de Oaxaca, les sites aztecs et le chiapas. Début de l’éveil de la conscience de l’autre monde, avec le rapport sur l’évolution des inégalités et la découverte des freemens, carnets de nuit de José Ferré le premier puis lafinducapitalisme de Francesco. Gentil altermondialiste, petit à petit j’avance jusqu’à tomber dans le subprime en août 2007, mon grand amour. Finance internationale en Argentine et le livre de Greenspan me donneront de bonnes armes pour comprendre les défaillances du système. Paul Jorion expliquera brillament le reste, en complément avec LEAP. Contreinfo, Dedefensa, Loïc Abadie, millesime, le blog finance et mon netvibes qui s’organise drôlement aideront pour approfodir la finance et la géopolitique ainsi que le durable et le libre. Le très bon story of stuff et les youtube sur l’exponentielle. Le crash course de Chris Martenson aussi. En Septembre l’année dernière je participais aux rencontres du libre à Buenos Aires et rencontrais Maddog et Chris Hoffman (Linux Foundation & Mozilla Foundation) et confirmais mon amour pour la philosophie du libre. Avec AJH je découvre les vices de la monnaie, l’île des naufragés, l’écosociétalisme, le crédit social, les lets, le dividende universel et la monnaie dette. La création monétaire abandonnée par l’Etat au banque en 1976 par VGE, le 6 janvier. Reconfirmée et scéllée dans l’article 104 du traité de Maastricht, et repassé avec le mini traité de Lisbonne. L’alternative de Constitution écrite par les citoyens d’Etienne Chouard et la Consitution pour l’économie de Paul Jorion. J’entends parler du mouvement colibri.
Donc la monnaie est viciée à l’origine, et elle est contrôlée par les banques. Margrit Kennedy et Bernard Lietaer l’expliquent très bien, Attac aussi.
Voir les patterns similaires au Mexique et en Argentine dans les crises, et le documentaire de Kenny Arkana sur la mondialisation confirme que c’est ancré dans le code même du système. L’autre réalité du travail clandestin, des camps de la sueur du No logo de Naomi Klein, ou the shock doctrine explique assez bien les techniques modernes de nouvelle colonisation du capitaliste. De façon similaire on retrouvait dans le Mexique et en Argentine une double conquête de ces pauvres pays. D’abord au fusil et à la hache avec les conquistadors européens en 1528 pour le Mexique et 1779-1879 siècle de la conquête du désert (comprendre massacrer les indiens toujours plus loin) pour l’Argentine, et puis une deuxième guerre plus subtile, à coup de banques, d’exode rural, de privatisation du chemin de fer, et au Mexique avec les banques évidemment aussi. Les deux fois les pays se sont laissés conquérir alors qu’ils avaient toutes les ressources et les capacités pour s’auto-organiser sans se faire piller.
L’argent cherchant toujours plus de profit, le rouleau compresseur avançant, il faut envoyer toujours plus de dettes pour faire fonctionner une machine qui bénéficie à ceux qui ont la monnaie reine. Pour stimuler la dette rien de telle que la consommation et la boucle en avant est bouclée. Une bonne dose de surcommunication faisant péter tous les systèmes nerveux d’un être humain normalement constitué permettra d’engluer ce qui reste cérébralement activé avec le show du marketing politique et la saga Obama Saison 1 et l’illusion d’une démocratie au milieu de cet oligopole financier qui tient les ficelles de chaque homme politique ayant fait une carrière ou en contact avec des lobbys d’une industrie déjà dépassée qui ne comprend pas son époque.
La triple pyramide: pouvoir financier, politique et démocratique, le meilleur exemple Bloomberg, maire de New York, homme le plus riche de la ville et fondateur/président de la plateforme du même nom, référence de l’information en finance.
Chaque entreprise qui aujourd’hui veut faire plus de croissance se demande comment faire. Ils font appel à des consultants très renommés qui vont leur pondre un fabuleux plan de bataille sous powerpoint. En dehors des changements pipos de stratégies et autres recyclages internes, ce qu’il faudra changer le plus souvent, c’est la marque et donc faire appel à la comm pour impulser un nouveau signal dans le cerveau de vos clients pour leur expliquer que dans le fond, vous êtes quand même une marque cool. Les consultants font donc appel à une agence de communication pour réfléchir au message, à la cible, au ton, au média et canaux de diffusion etc.. L’agence de communication va donc après avoir refait le logo et peut-être même le site web proposer une campagne de comm pour raconter un peu sa vie. Et dans ce monde où la publicité traditionnelle est devenue si cher et peu regardée et où l’on veut toucher son public au contact rien de tel que l’événementiel. L’agence de comm va donc faire appel à une agence événementiel qui va leur concocter l’événement parfait pour lancer leur nouvelle campagne. Puisqu’ils n’ont aussi que leur cerveau pour penser et que leur expertise s’arrête là où commence celle des autres, ils vont donc sous-traiter le traiteur, le logement, la construction, le mobilier, la technique, la vidéo, les prestations accessoires.
Donc l’entreprise décide sous les joyeux conseils de notre belle équipe de cerveaux d’organiser la coupe du monde de foot des moins de 18 ans. Elle sera créatrice du tournoi et le tournoi portera donc son nom, marquant pendant une génération tous les jeunes garçons qui associeront la marque à la coupe du monde de foot junior. Ils pourront même à l’occasion coupler l’affichage de l’emballage en pub pour leur événement et utiliser leurs produits pour inonder l’événement.
Reprenons: l’entreprise investit pour augmenter son chiffre d’affaire, on lui propose une campagne de communication, qui lui propose un événementiel, qui lui propose de créer un tournoi pour les jeunes garçons de tous les pays, ce qui permettrait d’augmenter le positionnement de la marque, et d’augmenter à court ou moyen terme les ventes de ses produits. Objectif atteint!
Je décompose: Il y a une coupe du monde de foot pour les adultes. Il n’y en avait pas pour les enfants, donc c’est une entreprise qui l’a créée, non pas pour satisfaire à un besoin, mais pour pouvoir par un moyen détourné augmenter son CA.
Quand on dit c’est l’intention qui compte, on touche le fond.
Penser l’inverse est tout simplement impensable: La même entreprise se rendrait compte que tel problème existe à un endroit, elle donnerait de l’argent dans le but de l’aider. Alors que la finalité est la même, qu’elle bénéficierait en retour d’un regain de respect et d’humanisme, elles ont besoin de passer par des chemins bien complexes pour comprendre ce qui est bien dans ce monde: aider à construire et créer des richesses.
Pourquoi ne le font-elles pas spontanément?
Parce que le but numéro un de chaque entreprise est de créer du profit, pas de donner de l’argent pour résoudre des problèmes. Alors comment on en est arrivé là?
Comment peut on finir par penser que faire le bien et investir plein d’argent doit être fait par les entreprises, pour le bien commun et leur sera bénéfique tôt ou tard en retour sur investissement?
Pourquoi l’inverse n’existe pas?
Il existe et ce sont les fondations de dons. Elles passent leur temps à investir et donner de l’argent à des projets selon des thématiques. Elle n’obtient pas ses ressources de clients à qui elle vend des produits mais entretient un réseau de donateurs et vend des services de gestion de fondations.
Pourquoi les entreprises ne pourraient pas fonctionner comme ça?
Offrir, donner, partager, sans forcément attendre en retour et vendre ou trouver des donateurs intéressés par le service. Diversifier son offre en donnant en abondance tout ce qui est immatériel et en valorisant en retour le matériel, inévitablement plus rare.
Il y a un ravin entre l’entreprise d’aujourd’hui et mon monde numérique. Ceux qui dealent et jouent avec leurs deux identités le savent très bien, plus on s’expose, plus il faut tenir la transparence et en contrôler le niveau. .
L’entreprise ne se mettra jamais à nu, elle ne sait pas comment parler sans passer par une agence de comm qui lui vendra du cool. Elle ne sait pas comment parler et alimenter la discution avec ses publics. Elle ne sait que trop rarement les écouter. Elle consacrera sûrement plus de temps à ses actionnaires.
Comment peut-on arriver à concevoir que 30 personnes se soient suicidé chez France Telecom en un an. L’autre jour quelqu’un a sauté du dom et tout le monde disait que c’était affreux de faire ça sur la terrasse des cafés. Il faudrait donc créer un endroit, un terminus où chacun pourrait aller mourir en paix quand son heure serait venue. Créer ceci serait accepter et reconnaître que notre système est tellement opressant que des personnes en arrivent à vouloir se donner la mort. Je ne crois pas à la société des individus, je crois à un système vicié qui ne tourne plus rond et cache ce qu’il peut de l’arrière boutique. Si la vitrine brille toujours, à l’intérieur c’est sûr que ça a dijoncté depuis un moment, contrôle de l’image, contrôle de l’homme et peur de l’insécurité, tenaille entre le chômage et la rareté monétaire, le besoin d’avoir de l’argent pour vivre, faut bien manger et se loger.
Une bonne partie de nos organisations crééent une pression sociale et un état permanent de semi lobotomie semi on vous la met profond. La transparence est reconnaître et prouver qu’on joue beau jeu et que la communication est libre et multidirectionnelle, pas de contrôle du bruit, discussion et implication des consommateurs etc..
Les jeunes entreprises et NGOs ont déjà compris ça. Si la transparence s’installe dans le discours et la réalité de l’entreprise, alors le monde aura déjà bien changé. Quand on voit la belle saison de green washing qui nous attend, on n’y est pas encore tout à fait.
Cette entreprise pyramidal et hiérarchique, tellement patriarcale et obsolète! Ses bases sont solides mais je la vois déjà tellement branlante. Small is beautiful: Auto-entrepreneur, propriétaire de mon cerveau et de mon corps je partage ma création en projets.
L’entreprise pyramidal, la corporation, la haute finance, la voltige boursière, l’économie sans frontières, les paradis fiscaux, les délocalisations, le casino, la FED, le $, le FMI, l’OMC
Ce temps là est finit, ça ne marche pas. Certains tombent d’eux mêmes, d’autres nécessiteront un bon coup de balai pour finir aux oubliettes assez vite. Il est temps de passer à la suite. et il s’agit donc de réinventer un système qui prenne en compte toutes les données actuelles de nos problèmes globaux majeurs. Réinventer le monde: écrire l’Histoire.
Il s’agit de créer un système qui valorise toutes les richesses, qui soit libre et abondant.
Il s’agit de reconnecter la richesse à sa juste valeur et arrêter de déconnecter la création de richesse avec la masse monétaire.
Trouver un système, une organisation locale qui garantisse satisfaction des besoins pour tous et épanouissement dans la vie. L’immatérielle s’échangera de façon abondante et libre tôt ou tard, donc de ce côté là, je ne me fais pas trop d’illusions. Il faudra organiser l’investissement dans la recherche et développement de ces technologies et assurer le partage et la diffusion des données.
Pour le matériel, plus c’est local mieux c’est. Plus c’est autonome, interdépendant mieux c’est. Electricité, alimentation, Education, Santé et Logement doivent pouvoir s’organiser et se partager à l’échelle locale la plus basse. Recréation des communes, organisations libres de personnes ayant des richesses à partager et échanger. Créer les bonnes monnaies libres permettront de fluidifier tout ça dans le bon sens.
Je l’espère…