Le colosse aux pieds de sable

Alors que la fête du subprime retentit chez les grands, on applaudit les chiffres :

* Bank of America, No 1 des banques commerciales : – 7 %
* Citigroup, No 2 : – 6 %
* J.P. Morgan Chase, No 3 : – 4,9 %
* Wachovia, No 4 : – 14,6 %
* Goldman Sachs, No 1 des banques d’investissement : – 2,3 %
* Merrill Lynch, No 2 des banques d’investissement : – 6,3 %
* Morgan Stanley, No 3 des banques d’investissement : – 5,1 %
* Lehman Brothers, No 4 des banques d’investissement : – 12,2 %
* Washington Mutual, No 1 des caisses d’épargne : – 35 %
* Zions Bancorp, banque régionale, appartenant à l’église mormone : – 23,2 %
* First Horizon National, banque régionale, principale banque du Tennessee : – 25,2 %
* National City, banque régionale, principale banque de l’Ohio : – 14,7 %
* M&T Bank, banque régionale, basée à Buffalo, état de New York : – 15,6 %

Voilà donc ce qui se passe quand on cherche de l’argent dans les bottes des ninjas

Pour expliquer les avancées, comment notre géant aux pieds de sable est en train de s’effondrer, il faut, évidemment faire un petit retour en arrière.

Petit résumé des épisodes précédents :
Juillet/août : Déclenchement : Injections, Injections
Tout descend, doucement, avec des p’tits rebonds, ça déprécie
Décembre : On retarde, on pansemente dans tous les sens, chèques bush à noël (coût du cadeau : 150 milliards de $ pour les US)
On perd northern rock, nationalisée en angleterre
La FED utilise une cartouche en proposant d’échanger des créances pourraves contre de l’argent frais
La FED baisse les taux, pour essayer de retarder la chute et d’améliorer la reprise
Le 17 mars, la FED sauvait une banque, la bear stearns en prêtant 30 milliards de dollars à JP Morgan, histoire que ce ne soit pas non plus une nationalisation trop voyante

Pendant tout ce temps :
* le dollar baisse, reflet du manque de confiance en l’économie américaine. (repassé à 1,60 le 15 juillet)
* les matières premières augmentent, les investisseurs cherchant des valeurs sûres (pétrole à 145 le 15 juillet)
* la dette américaine accumulée par la Chine et le Japon en bons au trésor US disparaît comme peau de chagrin
* l’inflation arrive dans plus de pays et s’installe durablement : plus de 50 pays à deux chiffres (>10%)
* la consomation et le moral des ménages baissent
* les crédits diminuent, les productions ralentit
* le chômage commence aux US

On va s’arrêter là pour le petit résumé. On l’a vu, c’est pas glorieux. Alors que le subprime souffle sa première bougie, Bernanke n’en est pas aux premières dents crachées. Comment vont nos amis les ricains, en ces temps joyeux?

Eux, les néo libéralistes, adulateurs de l’auto régulation des marchés, sont en train d’intervenir, et de nous prouver que leur modèle ne fonctionne pas du tout et que la régulation est nécessaire.

Explications :
Je vous ai déjà expliqué quelques dominos qui se cassent la gueule, les voici qui arrivent à la faillite. A chaque domino qui tombe, c’est d’abord une bonne onde de perte de confiance pour les autres, et puis le début de la fin, comme on dit par chez nous.

Aujourd’hui, je vous présente le domino : titrisation des crédits immobiliers américains. Nos deux invités sont Freddie mac et Fannie mae, les piliers du bouzin.
Leur rôle? Je viens de le dire, titriser des crédits immobiliers, en gros, c’est un bout de domino, c’est ce qu’on retiendra. Comme tous les autres, il voit passer beaucoup d’argent, et se fait sa part sur le gateau pourri.

Leur poids : 5 000 milliards de dollars, quand même. (pour rappel, le FMI avait dit 1000 pour deux dominos on imagine donc que s’ils sont pourris à 100% ça fait cher l’addition)

Comme tout domino de cette crise, il a cru que ça montait ça montait, et ne s’est pas bien assuré face au risque, il a repassé le problème aux autres : le ninja ne paye pas, l’imo ça augmente pas tout seul.

Résultat :

pas ouf

Il faut dire quand même que ce ne sont pas les premières à partir en vrille dans ce domino, puisque leur petit frère Indymac a déjà mis la clé sous la porte. C’est le premier, de 200 banques qui vont tomber jusqu’à 2009. 30 milliards d’actifs quand même, c’est pas rien, mais un p’tit mouvement de panique, une rumeur et hop A+ sous l’bus. Ils rigolent pas en finance.

Donc la solution : nationaliser. bouhh, le vilain mot, ça veut dire intervention de l’état ça, bouh c’est moche. Bref, on va voir combien de temps l’Etat peut encore intervenir :

On apprend chez Paul Jorion dans l’un de ses articles presslib*

« L’opération de remboursement des clients coûtera à la FDIC [ndz: Federal Deposit Insurance Corporation] 4 à 8 milliards de dollars soit 7,5 à 15 % de ses réserves. Si le renflouement du numéro 9 du prêt au logement mobilise 15 % des ressources dont dispose le gouvernement américain dans ce domaine, un rapide calcul vous confirmera que ce genre d’opérations ne pourra pas se renouveler très souvent. »

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

Donc demain ça rouvre avec un nom gouvernemental, on rembourse ce qu’on peut de ce que doit Indymac et adios (jusqu’à 100 000$ par personne). Quand un bout de domino comme celui là tombe, le  9ème donc, ça coûte 15% des ressources. Il reste donc 60 milliards à la FDIC, et environ 40 à la FED.

Pour les autres, ça laisse pas beaucoup de pansements parachutes anti-faillites non dorées. Parce qu’il en reste des dominos, des bouts de dominos qui peuvent et vont tomber.

Donc si la FED et la FDIC (pour les assurances), n’ont plus de cartouches, et essayent déjà de remplacer les dominos écroulés pour éviter une explosion systémique, vers qui tout le monde se tourne pour sauver le monde? Spiderman? Superman? Où sont les grands héros qui ont rythmé notre enfance et notre jeunesse.
Comment? Le monde ne serait pas sauvé par les ricains en 2050? et à la fin des temps, entre le jour d’après, le jour de l’indépendance, et la mort difficile 4. Dans la mission impossible qui consistait à sauver la  pom pom girl et sauver le monde, je pensais qu’il y aurait un héros US pour se coller à la tâche?

Alors question quizz pour vous, vers qui se tourne tout le monde pour pansementer l’impansementable?

L’Etat US (aussi appelé contribuable)
Le pays avec la plus grosse dette du monde. Le pays dont la consommation fait vivre 70% de sa croissance, et 30% de la croissance mondiale. Le pays suprême de l’arnaque après guerre, du libéralisme économique et de la retraite hedgefundée.

Combien l’Etat US peut-il sauver de banques?

C’est moche, parce que normalement, l’Etat US, bon, on l’a déjà dit hein, mais au cas où ça fait jamais de mal de le répéter, d’abord il est troué, et puis deuxièmement, ils passent leur temps à dire que c’est mal d’y toucher à ces trucs économiques là.

Donc petit calcul mathématique pour les plus motivés d’entre vous. (attention faites chauffer)

Combien un pays endetté jusqu’au cou peut-il payer pour sauver son système?

Deux solutions :
1) beaucoup ou assez pour faire tenir le système financier et éviter un écroulement des dominos restants.
Problèmes : la dette augmente énormément, la confiance dans le dollar baisse, la Chine insiste pour qu’ils fassent quelque chose, guerre..
2) pas assez : leur système financier s’écroule, le dollar derrière avec.

Bon, maintenant, rentrons dans le détail pour voir où ils en sont eux là haut, pendant que nous on sait déjà où on veut aller. Monsieur Paulson, trésorier de la FED a dit qu’ils soutenaient et garantissaient les deux entités Freddie et Fannie et toutes leurs créances, ils se portent garant. Donc, c’est une forme de nationalisation, ou sinon je m’y connais pas.
Au passage, garantir ces deux pilliers, ça revient à doubler d’un coup la dette US, ça va pas plaire aux chinoiiiiiiiiis.

Bienvenue dans la sociale démocratie. Les US ont changé, même s’ils ne le savent pas encore. C’est un symbole important, on en reparlera.

Donc, l’Etat les garantie, Bernanke fait un joli discours: « Matte comment je t’ai pansementé ça mon pote, allez c’est reparti les gars, on s’y r’met!! ». Les financiers, reprenant avec joie et gaieté les mots du grand Gourou de la finance internationale se mirent alors à la tâche et donnèrent toute leur confiance dans ces entités en si bonne santé et soutenues par un Etat lui même donnant une confiance infinie.
Résultat en une journée  : –27,34 % pour Fannie Mae et –26,02 % pour Freddie Mac
Ils ont pas l’air d’y croire, les actionnaires.. alors les chinois t’imagine.

Attendez de voir les autres dominos, et s’il devait y avoir un peu de votre banque, vous feriez quoi?

Autre action de la FED : vu chez Paul Jorion encore et toujours. Mettre des boucliers sur les dominos blessés, ceux qui puent la mort, les faibles qu’il ne faut pas bousculer. Notre ami Ben vient de placer ses bébés sous un bouclier anti attaques spéculatives « short selling » contre les vilains. Ses bébés, ce sont Goldman Sachs, Morgan Stanley, Lehman Brothers et Merrill Lynch, la honte pour eux, aidés par la FED, ahahha, les faibles.

Voilà un autre pansement intéressant, il dure 30 jours, et protège presque pas, mais vu le chaos là haut, chaque cartouche compte désormais.

Comme dirait Ben Bernanke, « l’essentiel, c’est de pansementer« .

Avec tous les retardements, on a reconnu aujourd’hui environ 300 milliards de pertes, alors qu’on en a annonce entre 5 et 10 fois plus selon les sources. C’est pas fini..

Voilà pour la mise au point. On en est là. Les bourses fondent, la confiance a disparu depuis 1 an. Les ricains sont devenus interventionnistes. Les banques crachent encore et toujours des dépréciations. L’Etat se porte garant de trucs dont personne ne peut payer l’addition, lui y compris, et on a du mal à avaler ça.

A Buenos Aires, ils ont ouvert le premier Starbucks Coffee dans le quartier de Palermo. Les gens font 3 heures de queue pour goûter un café. Aux Etats-Unis ils en ferment 600 et licencient 12 000 personnes.

Réveillez vous, les USA ne sont vraiment pas un modèle, ils font déjà partie du passé. Le colosse a les pieds en sable et le sable, ça n’a jamais été le meilleur matériau pour les constructions solides et durables.

Ci git, le colosse néo libéraliste, enseveli par sa dette.

Une réflexion sur “Le colosse aux pieds de sable

  • 23 juillet 2008 à 0 h 17 min
    Permalien

    Excellent article, bravopour dire sur un problème aussi grave, j’ai rigoler ( jaune)tien
    « Nous sommes reconnaissants au Washington
    Post, au New York Times, Time Magazine et d’autres grandes publications
    dont les directeurs ont assisté à nos réunions et respecté leurs
    promesses de discrétion depuis presque 40 ans. Il nous aurait été
    impossible de développer nos plans pour le monde si nous avions été
    assujettis à l’exposition publique durant toutes ces années. Mais le
    monde est maintenant plus sophistiqué et préparé à entrer dans un
    gouvernement mondial. La souveraineté supranationale d’une élite
    intellectuelle et de banquiers mondiaux est assurément préférable à
    l’autodétermination nationale pratiquée dans les siècles passés. »
    David RockefellerPrésident et fondateur du Groupe de Bilderberg et de la Commission Trilatérale. Président du CFR. Propos tenus à la rénion du Groupe de Bilderberg à Baden Baden en 1991

    « Quelque
    chose doit remplacer les gouvernements, et le pouvoir privé me semble
    l’entité adéquate pour le faire. »
    David RockefellerInterview dans Newseek en février 1999

    « Aujourd’hui,
    l’Amérique serait outrée si les troupes des Nations Unies entraient
    dans Los Angeles pour restaurer l’ordre. Demain ils en seront
    reconnaissants! Ceci est particulièrement vrai s’il leur était dit
    qu’un danger extérieur, qu’il soit réel ou promulgué, menace leur
    existence. C’est alors que les peuples du monde demanderont à être
    délivrés de ce mal. L’unique chose que tous les hommes craignent est
    l’inconnu. Confrontés à ce scénario, les droits individuels seront
    volontairement abandonnés au profit de la garantie de leur bien-être
    assuré par le gouvernement mondial. »
    Henry KissingerMembre du Groupe de Bilderberg, de la Commission Trilatérale et du CFRcela dit portez vous bien pour le bien de tous et bon courage

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

); ga('require', 'linkid'); ga('send', 'pageview');