Plus c’est rare, plus je le partage, rareté abondance and so WHAT?
D’abord, il faut toujours se rappeler que nous partons des richesses. Les richesses c’est ce qui vient de la Terre et que nous déclarons et reconnaissons comme richesse, rien de plus.
La matière, l’or, l’argent, le pétrole, le cuivre, les céréales, le maïs, l’herbe, la terre, les graînes, les plantes, les arbres, les animaux, les briques, le bois, l’eau, le soleil, le vent, le marbre, le plastique, les produits finis, le temps, les services, les hommes, le système, les qualités, la beauté, la santé, le coeur…
Une fois que nous avons compris que tout est richesse, et que ce qui est richesse pour moi ne l’est pas forcément pour mon voisin, nous pouvons attaquer les choses sérieuses. Une dernière pour la route: ce que je déclare comme richesse à un instant t peut devenir inutile l’instant d’après.
Abondance
Certaines richesses sont en abondance: elles abondent: leur disponibilité est supérieure à la somme des besoins des êtres humains.
L’abondance consiste donc à reconnaître que la disponibilité de la ressource ou de la richesse est supérieure à la somme des besoins (et non désir) des êtres humains. Il est important, comme en physique de définir un référentiel, de délimiter le terrain dont je parle dans lequel cette abondance est valable.
Exemple global simple: Immatériel: Il y a plus d’air que nos besoins cumulés. Il est là en quantité largement suffisante dans notre atmosphère, il y en a assez pour tous, nous le partageons inconsciemment à chaque instant. Le soleil également. Il n’abonde pas de façon égale, mais il faut reconnaître que nous n’avons que bien peu d’influence par rapport à sa présence ou son intensité en un point donné de la planète.
Exemple local simple: Matériel: Il y a 6 parts de gâteau, nous sommes 5. Admettons le besoin individuel en part de gâteau de 1, alors nous sommes dans une situation d’abondance et répartir les 6 parts par rapport aux besoins de chacun est un jeu d’enfant. N’est-ce pas d’ailleurs avec des bonbons que nous avons appris à diviser quand nous étions plus jeunes?
Exemple numérique: Immatériel: Un mp3 qui peut être copié à l’infini n’a comme limites techniques que la taille du disque dur et les tuyaux pour le distribuer. Etant donné que la taille des tuyaux, la taille des disques durs et la qualité augmente de façon exponentielle, l’immatériel numérisable est potentiellement abondant à partir du moment où nous le décidons. Et si nous ne le décidons pas, puisque techniquement c’est possible, la volonté de le partager est toujours supérieure à la volonté de le garder.
Pour savoir si nous sommes dans une situation d’abondance, il faut donc considérer à un endroit donné le recensement d’une ressource ainsi que les besoins des êtres à cet endroit.
Pour ce qui est de connaître les ressources, nous sommes devenus spécialistes en cartographie, mesure et étude de notre environnement extérieur. Pour ce qui est de nos besoins personnels, il va falloir découvrir et se pencher sérieusement sur notre environnement intérieur. Ainsi, je vous demande sincèrement, connaissez-vous vos besoins quotidiens? Pouvez vous les quantifier en matière et ressources?
Rareté
Certaines richesses sont en état que nous appelons de rareté: leur disponibilité à la surface du globe est inférieure à la somme des besoins des êtres humains.
La rareté consiste donc à détecter les situations dans lesquelles il n’y en a pas assez pour tous et d’organiser le partage et la répartition de ces ressources rares.
Exemple global simple: Matériel: l’eau potable. Alors que l’eau salée abonde dans les océans qui recouvrent les 2/3 de la surface de la planète, l’eau potable fait défaut à 1 milliard d’êtres humains.
Exemple local simple: Matériel: Il y a 6 parts de gâteau alors que nous sommes 10. 4 invités se sont incrustés, et ils ont sacrément faim. Il n’y a pas assez de gâteau pour satisfaire les besoins de chacun, la solution sera de recouper le gâteau pour faire 10 parts, plus petites.
Exemple numérique: Immatériel: un accès sur un site de qualité cherche à valoriser ses contenus. Prenez n’importe quel site avec un abonnement, on vous demande de payer pour avoir accès au contenu. Ici les choses sont rendues artificiellement rares car en réalité sur le terrain numérique la vraie rareté n’existe pas. C’est donc une rareté artificielle décidée pour capturer la valeur.
Pour savoir si nous sommes dans une situation de rareté, il faut considérer dans le référentiel choisi l’ensemble des ressources et les besoins (et non les désirs) des humains de ce même endroit.
Tant que nos besoins seront illimités nous serons emprisonnés dans cette rareté que nos esprits créent par nos propre désirs. Il est intéressant d’observer qu’au niveau simple et local, pour le gâteau nous sommes capable de partager les parts et de diminuer la quantité par personne facilement, mais dès que nous partons sur une plus grande échelle, nous perdons de vue l’image globale. C’est à ce niveau là que l’Intelligence Collective et l’holoptisme (vision du tout) peuvent nous aider à effectuer ce partage géant.
Quelques observations
– Plus c’est rare plus je partage: ma part diminue
– Si c’est abondant, la valeur se déplace vers le filtre pour classifier et organiser cette abondance et pouvoir qualifier le contenu
– Si l’accès est abondant, c’est le contenu de qualité qui devient rare
– Chaque abondance ouvre une nouvelle forme de rareté
– Mettre des barrières sur ce qui est techniquement abondant est contre nature
And so what?
Aujourd’hui, nous avons d’un côté l’économie de la rareté, très monétisée, d’une grande valeur. Certains pans de cette économie s’écroulent comme les blocs de glace du Calafate en Argentine. Ca se démonétise, la valeur bouge, elle fuit ailleurs. De l’autre côté nous avons l’économie de l’abondance: grande valeur, aucun doute, mais peu monétisée par rapport à ce qu’elle représente. Que faire?
Monétiser l’abondance? On fait comme si on n’avait rien compris, et on gache ce cadeau qu’est l’Internet et l’accès pour tous.
Lier les deux et monétiser l’abondance sans capturer la valeur en utilisant le lien avec l’économie de la rareté?
Démonétiser la rareté et accepter que nous sommes dans une économie d’abondance dans le matériel également?
Oublier tout ça et se libérer une bonne fois pour toute de toute la réflexion du partage à l’heure de l’hyper production? Bénéficier tous des 5 besoins élémentaires pour vivre, avoir 10 jours de services pour entretenir et travailler pour le collectif, et le reste du temps, créer, utiliser nos cerveaux et nos corps pour créer et partager notre création avec tous les autres? Le temps des bisounours est venu. Il nous manque une catastrophe ou deux pour réaliser qu’il est temps. C’est possible aujourd’hui. Ce n’est pas juste possible, c’est ce qui nous attend. Ouvrons les yeux.
Tu es sur la bonne voie 😉
@tcrouzet: Merci!
bonne ou mauvaise, nous sommes tous sur la voie.
Le principe même du système capitaliste actuel , c’est de créer de la rareté même si elle n’existe pas et de construire des positions dominantes voire monopolistique. Le dogme du libéral qui soutient que tout viendrait à s’équilibrer au mieux avec suffisamment d’acteurs et une libre circulation de l’information ne tient tout simplement pas parce que l’information n’est pas libre. L’évolution « naturelle d’un tel système est la création d’une seule méga société. On s’en est aperçu mais le dogme n’a pas été remis en cause, on a simplement créé des autorité gardiennes de la concurrence….
Le problème n’est pas seulement celui de la rareté ou de l’abondance mais aussi celui du pouvoir. La prise de pouvoir sur l’eau par exemple a toujours été déterminante depuis des millénaires mais un des derniers conflits sur l’eau en Bolivie a opposé le peuple à une multinationale. On est passé d’une lutte entre voisins/ peuples pour assurer chacun sa survie à une lutte avec une entité dont le seul objectif est l’argent. Remarquons tout de même qu’il existe aussi des conflits géopolitiques directement liés à l’eau. En tout cas, le problème posé reste la meilleure façon d’administrer des biens communs, et on est loin d’avoir trouvé le système idéal.
Notre société est basée sur la compétition et il s’agit d’un système de pensée que l’on met en place très tôt dans l’éducation même de nos enfants. La coopération , le respect de l’autre sont des valeurs en perte de vitesse au profit d’un individualisme forcené. Or l’abondance passe par la coopération. Mais l’homme en sera-t-il un jour capable à grande échelle?
@Hélène
Merci pour ton long commentaire.
En effet, je ne fais qu’observer les natures des ressources et les différents modes dans lesquels nous nous trouvons. Il est certain que le capitalisme et le libéralisme, comme les pyramides de pouvoir politique, financier, médiatique, jouent un jeu important dans la représentation que nous nous faisons de cette réalité.
La compétition pose comme problème que l’enemi n’est pas celui contre qui l’on se bat, mais celui qui profite des dégâts comme le dit si bien Bambi cruz..
Ce qui veut dire que nos divergences et combats permanents ici bas doivent bien servir à quelqu’un ou quelque chose.
Il m’est avis que nous nous battons pour quelques fruits supposés rares alors que le régime de bananes se trouve au-dessus de notre tête, et que si nous arrêtions de nous quereller, nous pourrions nous apercevoir de ce que nous n’avions pas réalisé précédemment.
Changer le système, c’est se déprogrammer de cette hypnose et de ces mécanismes automatiques qui sont ancrés au plus profond de nos cellules pour ouvrir notre coeur et avoir confiance en la vie et en l’homme.
Vive les bisounours.
Bonjour, nous nous connaissons je crois (les Auquiers). Nous essayons de mettre en place une nouvelle monnaie ici, en Ardèche. Le principe est tout à fait jouable et Philippe Derruder nous sert de conseiller. Faut-il convaincre le monde qui nous environne, à proximité, pour générer un monde déchanges complémentaires. Je crois à la très bonne volonté de certains pour recréer un type d’environnement collectif et solidaire. Mais je crois aussi que l’homme, l’humain sera toujours dans la compétition, et que rares seront ceux qui pourront se dévouer au service d’un système qui joue les complémentarités et les solidarités. La rareté va nous engager dans de nouveaux conflits, à l’échelle mondiale. Moi, je ne crois désormais qu’à la capacité de quelques groupes locaux, dans un contexte holoptique pour pouvoir créer encore un peu d’harmonie et de quiétude de vie. Par contre, le lien qui nous unie, via Internet peut être, nous le savons, un outil magnifique sur lequel nous pouvons nous appuyer…à condition de parler un langage accessible à tous, toutes, aux différentes générations, ….à conditions de choisir nos complices…
J’aimerais poursuivre la réflexion avec vous. Je pense que c’est en nous réunissant que nous pouvons devenir efficaces. Vive les bisounours. Marie Jo
@Marie José Gazel: Bonjour Marie-José!
Oui, nous nous sommes rencontrés aux Auquiers lors du séminaire 2 du Transitioner. Je crois que la rareté va nous confronter à faire des choix: le bien ou le mal. Vers la coopération et la solidarité entre nous, renouer le lien que nous avons coupé et accepter nos différences, ou aller dans l’opposition: l’enemi c’est l’autre, repartir dans des cycles de guerres et de barbarie. Cette fois, le système est vraiment au bout. Nous avons une chance, technique, technologique, en terme d’outils et de moyens comme jamais auparavant, nous avons l’évolution des consciences avec les risques et limites du climat. Ca ne se fera pas dans la délicatesse pour tous, mais je crois à une sortie heureuse.
Oui, c’est en lien, en nous réunissant ensemble que nous pouvons être efficace et cohérent, entre les mots et les actes. Vive les bisounours et merci pour votre message!
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