J’ai fait une école de commerce à Paris et c’est OK.

Tiens, ce blog a 1 an. Il y a un an j’étais en Hollande en train de préparer ma transition entre zoupic.over-blog.com et ici. Un an déjà.

De retour de vacances, que je tenterai de vous raconter dans un autre billet, je souhaitais revenir sur un petit point qui m’a gratté de nombreuses fois pendant ce mois dans le Sud et le Centre de la France: j’ai fait une école de commerce et je vis à Paris.

Le cliché école de commerce

D’abord, dans certains milieux, j’ai peu de fierté à dire que j’ai fait une école de commerce. Bizarrement, peur du cliché que j’applique moi-même aux autres personnes qui suivent la même voie, je ne brandis pas et je ne crie pas sur les toits mon cursus. J’aime dire que j’ai fait un an et demi de médecine par contre. Mais quand on parle du commerce, qui plus est une école, qui plus est à Paris… dans certains milieux, ça peut faire beaucoup pour un seul homme.

Le cliché, je le connais: faire du fric, manger les autres, les requins, faire du marketing pour vendre des enclumes à des manchots, école de fils à papa, bourges etc..

Quelque part, bizarrement, je me cache un peu. Et pourtant.. et pourtant je n’ai pas à rougir, je n’ai pas de bonnes raisons de me cacher ou d’avoir honte de quoi que ce soit. Pour plusieurs raisons, la première c’est que l’Istec n’était pas une école spécialement faite pour les requins et que j’ai pu m’y épanouir. Par l’ouverture des professeurs, de la pédagogie, par la grande place laissée aux associations et à la création de projets, par la dimension de développement de l’humain (véridique). L’absence de moule fut aussi une richesse qui fait que j’ai pu rester qui je suis sans avoir à courber l’échine. Cheveux longs par intermittence, altermondialiste, anticapitaliste avec parcimonie, pin’s de Che ou pas, ça ne m’a pas empêché d’être président du BDA (Bureau des Associations). Sans oublier les semestres à l’étranger, d’une richesse incroyable tant par les cours sur place que par les expériences que  j’ai vécu du côté perso.

La deuxième grande raison qui est essentielle à mes yeux, c’est qui je suis et ce que j’ai choisi de faire de cet outil qu’a été la formation de 5 ans que j’ai suivie: comprendre le système, comprendre le modèle en place, comprendre le business, la finance, les flux, la société de consommation, ses rouages, ses interactions, ses vices, ses lacunes et ses failles. Si en première année, mon étude portait sur le marché des jeux vidéos et comment devenir joueur professionnel dans ce milieu, grandir m’a fait évolué vers des sujets plus généraux et plus généreux que les simples passions d’enfants gâtés du monde occidental. Au Mexique mon étude sectorielle portait sur l’évolution de l’inégalité de répartition des richesses. En Argentine j’avais deux sujets différents: le premier était sur tous les business model du coeur: tout ce qui se fait par amour avec espoir de remerciement par le don, très inspiré des nombreuses activités artistiques et spirituelles que j’y ai découvert. Le second rapport traitait de la comparaison entre les classes pauvres et aisées de l’Argentine et de la France. Enfin mon mémoire après avoir porté brièvement sur « Comment optimiser la gestion de crise dans l’événementiel des jeux vidéos? » s’est transformé après mon passage en Argentine en Quel est l’avenir des croissances énergétiques et environnementales d’ici 2030? plutôt plus global et plus ouvert que le premier sujet.

J’étais borderline par rapport aux sujets traditionnels, j’étais un ovni par rapport aux sujets de mes camarades, et je titillais la curiosité et l’incompréhension de certains de mes professeurs, mais cela ne m’a pas empêché d’avancer et de continuer sur ces thèmes.

Enfin, école de commerce ou pas, ce qui compte c’est ce qu’on en fait, l’usage que l’on fait de nos expériences, de nos outils, et pour le coup, Génération Tao et les monnaies complémentaires sont deux terrains différents mais qui se rejoignent dans le sens où ils visent directement à améliorer le bien-être de l’Homme.

Alors je ne sais pas pourquoi je continue de rougir, mais ça viendra.

ISTEC – Ecole Supérieure de Commerce et de Marketing – Paris

Vivre à Paris

Régulièrement, quand on me demandait d’où je venais, je répondais d’abord de Picardie, puis j’ajoutais que je vis à Paris depuis bientôt 6 ans. J’insistais sur le fait que je ne suis pas parisien, mais bien Picard. Pas spécialement fier de l’être non plus, j’ai longtemps eu une espèce de tristesse d’être né dans une région un peu rurale, ce sentiment a changé 3 fois: en arrivant à Paris, dans un premier temps, en revenant du Mexique ensuite, puis au retour d’Argentine.

En arrivant à Paris (2004), il y avait l’éternel question de notre région d’origine, et alors que certains étaient fiers de porter les couleurs du Sud ou celle de la Bretagne, j’avais plutôt l’impression que la Picardie c’était comme un yaourt nature. On ne peut pas trop critiquer son goût, il est pas dégueulasse, il est pas excellent, pas de quoi se vanter, c’est juste une espèce de choix par défaut, parce qu’il fallait bien grandir quelque part. J’aurai juste trouvé un léger manque de sucre à ce yaourt, ce qui est plutôt gonflé avec les champs de betteraves qui ont bordé ma jeunesse..

En revenant du Mexique (2007), c’était le plaisir de redécouvrir la beauté de ses paysages, le côté unique à sa façon, après les vastes terres du Nouveau Monde, j’étais heureux, aussi, de rentrer chez moi. En revenant d’Argentine (2008) j’ai eu un peu le même effet, avec l’envie de replonger dans l’histoire de ma ville natale, de fouiller, de comprendre en quoi cette région était aussi riche, en dehors des quelques clichés de bouseux, d’avant dernière région au classement du BAC et de ruraux convaincus que j’avais en moi. Partir pour mieux revenir. Aujourd’hui c’est de Paris dont je rougis.

Dans 3 semaines ça fera bien 6 ans que je vis dans cet appartement près du Canal Saint Martin. Entrecoupés de 3 semestres de 6 mois à l’étranger, ça fait 6 ans que je vis à Paris. Suis-je pour autant parisien? le mot me fait peur par les clichés qu’il embarque avec lui. Alors quand on me demande, et quand j’y réfléchis, je suis heureux d’être à Paris. Heureux d’y être, heureux d’en partir, heureux d’y revenir. J’aime cette ville. Je ne pense pas y passer ma vie, l’appel du large m’emmènera vers d’autres horizons, en France et ailleurs, je le sens. Je me sens nomade et non attaché à un terrain défini. Citoyen du monde. La Picardie était mon point de chute à l’arrivée, pour la suite: c’est moi qui décide.

3 réflexions sur “J’ai fait une école de commerce à Paris et c’est OK.

  • 27 août 2010 à 9 h 36 min
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    Bonjour Etienne,
    Merci pour ce beau témoignage plein d’humilité.
    Cela me fait très plaisir de te retrouver « virtuellement » après nos congés.
    En effet, tu n’as aucune honte à avoir pour quoi que ce soit.
    Je suis au contraire admiratif vis-à-vis de ton parcours.
    Ce qui est important, ce n’est pas d’où nous venons, mais où nous allons.
    A très bientôt.
    Amicalement
    Charles

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  • 12 février 2011 à 13 h 28 min
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    Salut Etienne,
    j’aime beaucoup ta description. La Picardie: un yaourt nature!
    En tout cas d’une école de commerce, chacun en sort différemment,
    tu peu autant devenir chef de produit chez P&G que chef de projet humanitaire
    mais en tout cas on choisis tous notre futur
    Après a savoir si l’ISTEC est différent des autres, je suis pas sur, ce qui est différent, c’est ce que toi tu en a fait
    Bravo pour ton blog et tes actions
    j’ai lu ta BD et c’est vraiment cool
    Vive la picardie et aussi la bretagne (Moi je me sens de plus en plus breton…)
    A+
    Tonio

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    • 16 février 2011 à 13 h 11 min
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      @antoine bernard: Merci Antoine!
      Vive la Bretagne!

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