Thierry Crouzet confond le média et le message

C’était censé être un commentaire sur le blog de Thierry Crouzet. C’est finalement un billet.

Pour comprendre le tout, il vous faut connaître Crouzet, et son expérience inédite. J’avais déjà fait un billet pour recommander l’alternative nomade, que je vous recommande encore, ce billet n’est pas du même type, il surfe sur l’actualité de Thierry, apporte une réponse qui rejoint d’autres problématiques et parle en même temps de la nouvelle que j’ai quand même aimé.

Ce billet est une réponse à une mini accusation et ce qui est pour moi une confusion: cf les 2 posts de Thierry:  le 2.0 sans la réciprocité c’est l’hyper capitalisme et la conne haine du marketing.

En 2 mots, pour replacer le commentaire dans son contexte, Thierry est multitâche avec notamment pour qualité le fait d’être une grande gueule. Il écrit un livre en collectif auto-constitué de façon éphémère, ils partagent les revenus, ils font plein de prix différents selon le support choisi pour la vente pour une nouvelle de 55 pages. Je lui répond et accroche surtout sur la partie marketing et mise en avant du produit, confusion des messages. Comme vous le verrez, entre la nouvelle (qui est à lire/télécharger/acheter), l’expérience inédite qui vaut la peine d’être saluée, la gamme de prix et le geste marketing, on ne sait plus de quoi Thierry veut que nous parlions vraiment. Pour moi son travail est intéressant, mais crier et dépenser toute cette énergie quand la nouvelle met juste l’eau à la bouche, je demande la suite et qu’il arrête de nous bassiner avec le procédé. Je veux le contenu!

Je suis un peu surpris. Je me sens limite coupable quand je te lis. En fait, j’ai d’abord téléchargé le pdf en me disant encore une aventure de Thierry, je suivrai ça quand j’aurai le temps. Et puis après s’être vus à paris et avoir réentendu parlé du pdf, je me suis dit que je ferai l’effort de le lire.

J’étais assez surpris parce que ça m’a pris maximum 35 minutes et que j’ai bien aimé le style, le décor, l’histoire, mais je n’ai pas non plus eu un orgasme interstellaire. Ca m’a fait rire de croiser les personnages avec des bouts de réalité de ta vie. J’ai bien aimé la façon d’écrire et d’affirmer des choses, grâce au style SF qui sont peut-être dur à faire passer au quidam aujourd’hui.

Après l’avoir lu, je me suis dit que je ferai un billet, quand j’aurai le temps, pas tant pour soutenir l’initiative complexe qui est intégrée dans l’expérience mais plus pour la mini histoire.

Au final, je n’ai toujours pas pris le temps, et c’est plus en voyant tes posts ici que ça me fait réagir, mais non pas sur mon blog, mais plutôt ici, via ce commentaire.

Je suis un peu d’accord avec 000, pour ma part il y a un rapport de temps, ça m’a pris 35 minutes de lire la thune, j’ai dû passer au moins 1 heure à lire des billets et commentaires concernant l’aventure, écrire un article me prendrait aussi 30 minutes..

Marketing ou pas marketing, je ne sais pas, si j’étais toi j’irai poster sur des forums, sur des groupes facebook, faire du push, aller apporter votre travail sur les sites et aux endroits où il pourra toucher un public. Mais je ne raconterai pas deux histoires: la nouvelle + l’aventure. A la limite j’inclurai l’expérience inédite et l’histoire des prix et de la donation sous forme de licence sur mesure en annexe du pdf comme Jorion le fait avec une * pour son presslib, mais séparé ça fait trop d’informations. Il faut des messages simples et clairs. Tu veux parler de quoi, de la nouvelle? de l’expérience? de l’équipe? du prix? Qu’est-ce que tu mets en avant et pourquoi?

Communication:
émetteur – message – cible.

Après pour l’histoire de la publicité et la liseuse, c’est un appat, OK, les langues de pute sont les premiers à venir chier dessus. L’inverse aurait été 1) j’avais envie d’écrire un article dessus 2) si en plus je peux gagner une liseuse pourquoi pas. Bien dans mon cas, mais pour les autres, plutôt que de clarifier autant tirer dans le tas et crier au loup, c’est plus simple pour elles.

Les AMAPs quand elles viennent sur un marché ne disent pas pour se faire connaître « si tu envoies un mail à ton réseau en me mettant en copie, je peux te faire gagner un presse agrume » le produit, la qualité, la confiance et la relation parlent d’eux-même. Tu auras la même chose quand le produit, le public et le reste seront mûrs. C’est un peu facile d’accuser le manque de répondant de la blogosphère et de crier plus fort à chaque fois que l’écho n’est pas suffisant. Les légumes prennent du temps pour pousser, leur clientèle aussi, ce n’est pas en tirant dessus que ça pousse plus vite.

Ce qui m’étonne le plus dans tout cela ce sont les maigres 132 téléchargements gratuits. Ont-ils eu peur que tu saches qui télécharge sans payer et que tu fasses un beau listing dans un prochain billet? on peut s’attendre à tout avec toi…

Surpris aussi que tu n’ai pas fini ton travail de propulseur.. Owni, qui crosspost tes articles bien tranquillement quand ils brillent assez,  pourrait être un bon partenaire pour une appli à la con de transformation en epub ou que sais-je ou un bon crosspost pour soutenir ton expérience. Cela ne les intéresse pas? Propose une pige inédite sur l’auto-édition numérique, ou un dossier, sois payé et fais toi ta pub en directe avec la une. Nicolas te doit bien ça.

Là tu as un réservoir de lecteur pour lequel tu donnes depuis un moment que tu ne peux pas laisser passer. C’est aussi ça propulser sous toutes les formes. Ne pas juste pousser un texte et gueuler sur les bloggueurs, mais montrer que tu as fait le maximum pour tout arracher et alors les bloggueurs te suivront aussi car tu auras créé la vague suffisamment grande pour que tout le monde en parle.

Au final Thierry, j’ai deux envies, la première de lire un texte plus long sur cet univers que tu décris dans la thune, plus détaillé, plus fourni, en savoir plus sur ce monde, ses contraintes, comment on en est arrivé là, plus de détails sur la technologie et les possibilités, dans la thune tout va si vite et il y a tellement de chose qu’à la fin je m’y perds un peu. L’autre envie c’est de vous aider pour la réflexion marketing et le push une fois le produit fini lors d’un prochain essai.

Et mon commentaire serait aussi qu’on ne peut pas attendre un retour incroyable avec juste une nouvelle, une expérience, une fois. Cela prend du temps et du travail pour mettre en place quelque chose de nouveau et solide, ce n’est pas à force de gueuler ou de faire des articles autour de la thune chez toi que tu feras changer le sens du vent. Donc arrose, patiente et écris nous d’autres textes!

7 réflexions sur “Thierry Crouzet confond le média et le message

  • 4 novembre 2010 à 13 h 00 min
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    Déjà que les gens ne lisent pas, alors si tu leur en donnes pour 600 pages tu crois qu’ils vont lire plus que 40 pages ? Combien de gens ont lu les 600 pages de Croisades ou les 481 aphorismes de j’ai eu l’idée ? 35 minutes, c’est le temps qu’il faut pour lire. Je ne le cache pas, c’est ce que j’annonce sur le formulaire de téléchargement.

    Le propre d’une nouvelle c’est d’être courte et de provoquer la frustration. C’est la règle du genre.

    C’était bien une expérience et l’expérience de coopération est pour moi aussi importante que le texte lui-même. Il n’y a aucune confusion. Pour tenter une expérience, on commence pas par faire une Bible. On commence petit, c’est ce qu’on a fait. La prochaine fois, on fera peut-être plus grand. À ce stade, il me paraît aussi important de parler de la méthode que du résultat. Et même plus de la méthode car elle peut être renouvelée par nous ou par d’autres.

    La stratégie du cyborg édité par 40K en Italie est pas plus long, les Italiens n’ont pas fait la fine bouche parce que c’était court ou cher. Depuis quand la longueur a une importance ?

    Tu critiques le fait que nous ayons tenté plusieurs choses à la fois. Prix variable, travail coopératif, texte court… mais tout cela est lié. C’est pour ça que je ne cesse de m’expliquer à ce sujet.

    Pour Owni, c’est eux qui décident de reprendre des papiers, jamais ne n’ai rien proposé moi-même. Je ne suis plus journaliste, j’écris chez moi et j’accepte que les autres me reprennent. J’estime que ce n’est pas à moi de parler de mon texte en dehors de chez moi.

    Les stats de chez moi sont là : http://blog.tcrouzet.com/tune-caniveau/?shopbook_action=stat

    Ce qu’il faut bien comprendre c’est que personne ne réussit à vendre du livre numérique aujourd’hui. Ces chiffres qui paraissent catastrophiques, et qui le sont, ne sont pas pire que ceux des autres, au contraire, c’est bien le problème. Les ebooks ne se vendent que pour les auteurs célébrés dans le monde de l’édition ordinaire. Oui on est tous nul en markteting, texte longs ou courts ça ne change rien. Le problème c’est le temps disponible pour les lecteurs, il faut l’arracher, c’est plus dur que pour des billets.

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  • 4 novembre 2010 à 13 h 34 min
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    Eh bien, je n’ai pas lu Croisade, je n’ai pas lu les 385 idées, j’ai d’abord été attiré par la nouvelle par sa courte taille, facile de rentrer dedans, mais je n’avais pas envie d’en finir aussi vite. Ca me fait penser à certains jeux de vidéos, facile à capter et de s’amuser, mais dur à masteriser(courbe d’apprentissage rapide au début mais très longue et progressive sur des années).

    Et bien la nouvelle m’a plu, et m’a frustré. Alors je ne sais pas pour mon attention la prochaine fois 🙂

    Je ne dis pas qu’il y a confusion, je sais que c’est une expérience complète, à tous les points de vue, et c’est aussi pour ça que j’avais poussé l’alternative nomade, mais il y a pour moi, par rapport aux cours que j’ai eu à l’école un problème de confusion. Tu fais trop de choses à la fois et du coup quand tu parles de la thune on ne sait plus s’il s’agit de l’expérience, du texte, du prix, de la distribution etc.. Pour toi c’est très clair car tu es la même personne, pour moi c’est OK parce que je te connais et que je te suis, mais pour de la communication, de la publicité, de la mise en avant de ton produit il te faut des messages simples.
    Aux fans de SF, un post spécial SF, en quoi cette nouvelle les touche.
    Aux fans d’epub, un message simple en jouant sur ton plugin et sur la dernière sorttie.
    Aux fans des derniers succès de Tcrouzet, la dernière aventure.
    Aux fans de décentralisation et d’auto-organisation, l’expérience inédite.
    Aux fans de décroissance, technologie, à ceux qui en ont marre de la politique un billet sur le contenu.
    etc…

    Tu es un être multifacette, mais tout présenter d’un coup à une cible qui ne s’intéresse qu’à une des tes facettes complexifie le message, fais simple et un message différencié par cible. Du coup tu ne peux pas juste rester sur ton blog, tu dois aller parler ailleurs en changeant de ton et d’angle.

    C’est ce que je te reproche pour Owni, un lien est à double sens, tu écris des articles, ils les publient, ils les choisissent mais avec ton accord. Va les voir et demande-leur de propulser un article spécial sur l’expérience et l’histoire du prix. C’est un public idéal pour ce genre d’initiative, c’est un public qui te connaît. Et ce n’est pas une honte de leur demander ça, ça s’appelle l’échange, c’est un sujet qui les intéresse, ils te connaissent etc..

    Tu dois aller vendre ton texte. Et tu as tellement bien fait les choses que tu n’as pas besoin de le vendre, tu dois le mettre en avant, l’offrir gratuitement et sensibiliser le lecteur intelligent qui te remerciera à hauteur de son bon vouloir. Donc tu dois aller le pousser dans les tuyaux. Chez owni, sur rue89, chez slate, et que sais-je encore, chez toutes les personnes que tu connais qui sont susceptibles d’être intéressés. Tu dois le pousser chez les autres, pas juste le jeter du haut de ton blog en espérant que tout le monde vienne le reprendre. C’est aussi ça activer son réseau.

    On dirait un gosse qui va faire une grosse fête pour son anniversaire mais qui ne va inviter personne. Il faudrait que les gens en entendent parler pour venir. Redescend Thierry! Il faut aller pousser tes textes à droite à gauche et inviter les gens à la fête si tu veux qu’ils viennent. Tu ne peux pas rester bougon devant ton gâteau et tes bougies avec les organisateurs et pleurer sur le fait que personne ne vient si tu t’enfermes chez toi.

    Et parler avec envie, passion et fierté des projets que l’on aime, c’est ça le meilleur des marketing, pour toi le mot n’est même pas juste, c’est la meilleure des promotions. Quoi de mieux que l’incarnation. Maintenant il faut aller convaincre.

    Et pour l’histoire de l’expérience plutôt que le texte, même si le procédé marche pour vous, une autre équipe reprenant les mêmes ingrédients ne pourra faire la même chose. Il y a votre odeur, votre patte personnelle, le texte, l’histoire, le contexte, toute l’alimentation du blog. Ce n’est pas parce que tu le fais une fois que tu prouves quoi que ce soit de réplicable. C’est la nouvelle qui fera ou non le succès de la thune, le reste c’est de la sophistication moderne, qui nous intéressent tous les deux, mais dont le public se fout infiné, c’est de l’ingénérie éditorialiste.

    Ok pour les chiffres, tu as choisi un métier difficile. Je n’ai pas vraiment d’idée de ce que cela représente. Et oui pour l’attention du lecteur… La longue traîne et l’océan de possibilité comme dirait 000

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  • 4 novembre 2010 à 14 h 15 min
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    Tu parles du travail de propulseur (cf courbe en 8 sur mon blog), c’est pas trop mon truc. Moi je suis l’auteur, je peux pas être sur tous les fronts en même temps. C’est aussi cela l’apprentissage de l’expérience. Il y a un taff immense de propulsion, c’est Isabelle qui se le tape en ce moment. Et moi j’ai commencé à écrire un texte de 600 pages pendant ce temps… dont je parlerai bientôt sur le blog et qui sera une autre expérience. 🙂

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    • 4 novembre 2010 à 14 h 25 min
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      @tcrouzet: on est d’accord.

      N’oublie pas la prochaine fois de le mettre dans la boucle de l’expérience, les propulseurs, leur travail n’est pas non plus gratuit 🙂 Il se fait naturellement quand on aime, et c’est la plus belle des propulsions, mais ce que fait Isabelle pour le numérique est au moins aussi important que la propulsion de numeriklivres.

      Et même si c’est toi l’auteur, ça touche beaucoup plus si c’est toi qui va voir les personnes que tu connais, qui leur parle, leur écrit, leur demande. Ca me rappelle mon frère qui envoyait son album à différents magazines pour en faire la promotion, ils écrivaient un papier à la main pour chaque rédacteur. Ca en a marqué plus d’un, à l’heure du numérique d’avoir un papier main, personnalisé etc..

      Ravi de savoir que tu es déjà sur autre chose 🙂

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  • 4 novembre 2010 à 17 h 01 min
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    Tout OK avec toi. Faut continuer, et ouvrir la suite de l’expérience à plus de marketeux ayant encore envie d’en faire – droits dans leurs bottes. Suis contente de lire entre les lignes que peut être, pourquoi pas, pour une prochaine fois, on peut t’en parler.

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  • 9 novembre 2010 à 15 h 27 min
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    Oui Isa, tu as bien lu, ça m’intéresse de vous aider, pourquoi pas une prochaine fois 🙂

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