Aveu de vulnérabilité
Construire un nouveau système monétaire, imaginer les règles d’une nouvelle monnaie, de nouvelles règles pour identifier, reconnaître, mesurer, échanger la valeur pose des millions de questions, pour définir des paramètres, des options, des modes de fonctionnements nouveaux et la confiance que nous pouvons avoir entre nous, ses fondamentaux.
C’est un exercice difficile qui demande de laisser derrière nous tout ce que nous avons connu, de reconnaître qu’il faut recommencer à zéro, repenser depuis la feuille blanche et imaginer autre chose, à la fois pas si différent et pourtant intrinsèquement nouveau.
Construire un système cohérent, complet qui puisse satisfaire les besoins des humains dans une société fluide, conscient des limites de la planète, de notre place dans la chaîne du vivant, de l’impératif besoin de coopération, de respect dans nos relations entre voisins, entre régions, entre pays, du besoin de partage et de responsabilités face à tous les challenges qui nous regardent en ce début de 21ème siècle vient nous questionner profondément, jusqu’au coeur de nos peurs les plus profondes.
Cette quête nous challenge d’abord sur notre foi en l’homme, en l’humain, en la vie. Elle nous challenge aussi sur le comment faire tout cela. Elle nous challenge sur notre capacité à mettre tout cela en oeuvre. Ensemble? Qui y croit vraiment? Nous aimons repérer rapidement les bisounours, les dénigrer et reprendre nos affaires. Mais de vrais peurs sont tapies ici : la peur du manque, la peur de se faire trahir, la peur de ne pas avoir assez, la peur de se faire arnaquer… Elles existent et nous collent contre le mur, nous paralysant pour éviter de faire le saut dans le vide dans ces nouveaux systèmes qui appellent un vrai lâcher prise et une confiance profonde en la vie, en l’avenir.
Et même si c’était possible, nos croyances nous rattrapent et nous disent qu’il est trop tard, ou qu’on y arrivera pas ensemble, ou en tout cas pas à l’échelle de la planète.
Je suis convaincu que c’est possible, en fait je ne vois déjà plus d’autres alternatives. L’ancien étant déjà condamné à tous les niveaux, il n’est plus une option viable et rester collés au mur ne fait que compliquer et retarder le saut qu’il faudra de toutes façons faire…
L’aveu de vulnérabilité :
Dans cette quête, j’aimerai pouvoir vous garantir que nous savons le faire, que nous avons les réponses, que nous allons y arriver, que tout est déjà calé et que vous n’avez plus qu’à nous rejoindre et que c’est facile et garanti. J’aimerai vous garantir que vous pouvez avoir confiance et qu’avec nous tout va fonctionner. Ce n’est pas le cas. J’aurai aimé tout maîtriser et vous dire c’est bon, venez tout est prêt. Ce serait mentir.
Nous avons déjà des exemples de systèmes qui marchent, mais ce n’est plus possible à mes yeux de prendre cette garantie et de m’engager à ce que ces systèmes fonctionnent, fassent tout à notre place, gèrent nos ressources, nos échanges, reconnaissent la valeur et que si l’un de nous ne peut plus payer, que le système garantisse le fonctionnement, le paiement, la confiance des uns et des autres.
Je peux m’engager à faire tout mon possible pour que le système fournissent les informations pour créer la confiance, que le système soit transparent et permettent aux acteurs d’agir en étant informés, nous allons d’ailleurs nous y engager! Mais il ne nous est plus possible de garantir quoi que ce soit et il ne nous est pas possible en tant que gérant du système de prendre cette position.
Ce serait même de la folie à mon sens de vouloir recommencer et faire comme si nous avions la capacité de prédire l’avenir et de tout garantir, l’avenir, les défauts, les échecs et les risques.
Ce que par contre je sais, c’est que nous sommes une espèce plutôt douée, magique même, faite de millions de cellules qui interagissent entre elles et avec les millions d’espèces qui nous entourent en permanence, nous constituons un ensemble complexe et pourtant bien cohérent qui a trouvé un grand nombre de moyen d’évoluer, de s’adapter pour grandir, survivre, muter, se transformer et aller de l’avant.
Si je n’avais pas confiance dans un système qui peut tout garantir, j’ai confiance dans notre espèce et dans notre capacité à trouver des solutions ensemble, dans notre capacité à coopérer, à nous serrer les coudes et les coeurs pour faire face ensemble, pour organiser, définir, ce qui compte, comment nous pourrons créer des relations saines, respectueuses, durables, libres et fraternelles.
Cela nous demande de l’écoute, de la solidarité, du respect et de rappeler à notre mémoire la conscience de l’interdépendance qui nous unit et nous a toujours unit.
C’est ce qui nous attend. N’attendons pas plus, l’heure est venue.
Relions-nous, cocréons et prospérons ensemble.