Post-attentats

intialement posté le 25 décembre 2015 : Post-attentats

J’ai vécu les attentats complètement en décalage, étant au milieu d’un stage de tantra dans le sud de la France. En plein travail intérieur sur le masculin sacré, la paix en soi et la réconciliation avec le féminin. Autant vous dire que j’étais à mille lieux de la réalité ambiante et de l’onde de choc parisienne de vendredi soir.

1. Paix aux âmes qui sont parties ce week-end, mon soutien aux blessés, à leurs proches et leurs familles.

2. Si l’épisode Charlie était violent parce que nous connaissions ces dessinateurs et que la cible symbolique était l’humour et la liberté de parole, ici c’est choquant, parce que ce sont des quartiers que je connaissais, des personnes que je connaissais ou que j’aurai pu connaître. Nous sommes passés à l’étape supérieure, plusieurs actes en même temps, à visage découvert, en kamikaze et tuant, en grand nombre, des gens qui profitent de choses simples, du bonheur de la vie, de la musique, de la culture, d’une terrasse de café entre amis, cette fois ce sont des gens « inoffensifs » qui étaient les cibles.

3. Le mégaphone médiatique a complètement rempli mon Facebook de la vague émotionnelle débordante des événements, de l’hyper violence, à l’hyper réaction à l’hyper questionnement de qui est coupable, à qui la faute, que faut-il faire, qui les nourrit et comment les arrêter. Du ressenti que le deuil est impossible tant qu’une vengeance, une solution, une justice, un coupable, un responsable n’a pas été nommé et puni à la hauteur des faits macabres qui ont été commis. Le terrorisme est terrifiant et nous nous retrouvons terrorisé à propager la terreur qu’ils nous infligent. L’onde de choc est amplifiée par les médias de masse qui nous abreuvent de notre dose d’informations pour pouvoir imaginer survivre dans cet environnement devenu angoissant.

4. La violence ne résoudra rien, la guerre non plus, la réponse était, est et sera ailleurs.

5. Pourquoi?
Qu’est-ce que cette violence qui nous est envoyée en pleine tronche? En quoi sommes nous responsables? Quelle part de violence en nous pouvons nous nous approprier dans ce qui nous est renvoyé à coup de kalach et de TNT? De quelle violence physique, psychique, émotionnelle, spirituelle suis-je responsable, que j’ai porté à l’autre, aux autres et qui aujourd’hui jaillit comme un balancier dans son inéluctable retour? Quelle est cette cause que moi, que nous, occidentaux, parisiens, français, bobos avons supporté, toléré, soutenu et propagé, même sans le savoir, sans nous en rendre compte et qui engendre cette conséquence que nous ne sommes pas prêts à accueillir.
Quelle est cette non-action que nous avons eu, cette tolérance ou indifférence à l’injuste, ce manque de fraternité, de solidarité qui a laissé grandir ce fossé qui aujourd’hui nous pousse si facilement à tracer une belle ligne entre les bons et les méchants? Quel modèle offrons-nous, défendons-nous dans nos sociétés occidentales qui permette à chacun de trouver sa place? Quel sens proposons-nous qui inclue l’ensembles des vivants sur cette planète?

Si je condamne profondément et fermement les actes, je ne peux balayer aussi simplement la critique qui est adressée à la violence du modèle mourant certes, mais encore vivant qui anime nos sociétés aux économies capitalistes libérales et qui laisse sur le carreau un grand nombre d’entre nous et des espèces qui co-habitent avec nous sur cette planète.

6. Alors que faire?
Continuer de vivre, se réunir, rencontrer et aimer son prochain, dire la vérité, se divertir, faire ce qui nous rend heureux, qui a du sens pour nous, notre entourage et la planète, pour la communauté des vivants. Nourrir le vivre au quotidien. Semer des graines et les arroser, prendre soin de son jardin. Percer la lumière derrière les ombres. Rayonner la vie qui est là, encore, toujours et qui continue de pulser à travers nous. S’indigner contre l’épouvantable, se lever contre l’injustice, dénoncer l’insupportable, respecter les vivants et agir pour un monde plus désirable. Créer du Beau. Redonner du sens aux valeurs de fraternité, d’égalité et de liberté, les habiter pleinement au quotidien.

7. Le gouvernement en profite pour réagir avec les deux seules techniques qu’il a et qui du haut de sa pyramide de contrôle restent apparemment les seules boutons logiquement actionnables pour rassurer la population sous le choc : plus de dureté, plus de sécurité.

8. Le fichier de gens louches est prêt à être rempli avec pour faux espoir et bonnes justifications d’éviter que la terreur nous frappe à nouveau.

9. La COP21 représente la mascarade la plus complète en terme d’enjeux – espoirs – solutions inexistants pour passer dans un monde climatiquement vivable pour tous et fait flipper le-les gouvernement-s par les enjeux qu’elle représente encore.

10. Donc pour ceux qui espéraient / croyaient encore à une sage décision venue d’en haut qui pourrait magiquement régler tous nos problèmes, le durcissement du gouvernement régit par la peur double (des terroristes, et que ça dérape niveau alter) s’en trouve bien opportunément justifié.

11. La COP21, avec tous les enjeux de cocotte minute qui siffle déjà à s’en faire péter les oreilles qu’elle comporte, se fera donc à huis clos. Comme si les décisions qui impactent l’ensemble des êtres vivants sur cette planète pouvaient encore être confiées à 200 pantins qui doivent concilier croissance, rentabilité économique et promesses de campagne pour satisfaire leur auto-reproduction lors de leur prochaine échéance électorale.

12. Le peuple est interdit, pour sa propre sécurité, de venir demander le droit que l’on respecte la planète et les générations futures.

13. L’embarras et la responsabilité du choix
Nous avons donc le choix entre ne rien faire et espérer que par le plus grand miracle, après 20 cop, cette fois-ci, par magie, les protocoles et accords intelligents pour le plus grand nombre soient pris : je n’y crois pas vraiment et cela me semble mal parti.
ET
Descendre dans la rue, braver l’interdiction qui vient d’en haut pour secouer le cocotier et jouir de notre liberté de citoyens pour rappeler à ceux qui nous gouvernent qu’ils ont des responsabilités notamment face aux dérèglements climatiques. Prendre le risque, dans ce méli-mélo, d’être fiché, listé, répertorié, encore une fois, une fois de plus et de s’afficher avec d’autres, plus ou moins nombreux comme opposés à toutes ces décisions liberticides qui sont prises quotidiennement à contre-sens de l’évolution.

Autrement dit, pour rester dans la légalité, nous sommes cordialement invités à une mort par réchauffement climatique sous sédatifs politico-judiciaro-liberticide-anti-terroriste hyper rassurante : les gouvernements et le système économique auront gagné cette bataille mais on y perd la planète et sans garantie d’éviter toutes les nouvelles attaques terroristes.

L’étau se resserre.
Tout est prêt pour que ça pète.
De la pression peut émerger une autre voie.

Quelle histoire choisissons-nous d’écrire dans ce chapitre ô combien décisif de notre vie sur la planète Terre?

L’image ci-dessous est un dessin d’Anna Petard Lieffrig offert à son amie Aurélie Burot.
Anna est décédée suite aux attaques de vendredi soir, Aurélie est à l’hôpital, elle va s’en sortir.
Puisse cette image nous inspirer.

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