Manifesto pour la reliance des causes communes

Suite à la soirée sur le Domaine Publique qui avait lieu hier soir au Centre Pompidou pour célébrer l’arrivée à terme des droits de certains auteurs, j’ai découvert que le domaine public n’existe pas en droit. Rassemblés autour de Comunia, Savoirs Com1, la Quadrature du Net, l’Open Knowledge Foundation et d’autres organisations qui promeuvent la défense du domaine public, de l’internet libre, des logiciels libres, j’ai appris l’inexistence du Domaine Public : il n’est même pas nommé. On suppose son existence par l’extinction des droits d’auteurs mais il n’est pas nommé. Nul part en droit français. Rien. Niet. Nada.

Difficile de créer une société du partage quand notre droit représente aussi bien les intérêts individualistes, les intérêts privés mais omet, ignore et ne nomme pas cette chose aussi essentielle et vitale qu’est le Domaine Public.

Le Domaine Public appartient à tous. Ainsi nous devrions tous nous sentir concernés lorsque nos bibliothèques, nos juristes, nos gouvernements, nos lobbys parlent, légifèrent et décident de ce grand pot commun de l’humanité qui devrait être inaliénable.

C’est ce que tentent de faire les licences Creative Commons avec notamment la licence Creative Commons 0, une sorte de carte de don d’organe ou je demande que l’on verse à ma mort toutes mes œuvres dans le domaine public… mais cela ne suffit pas.

C’est ce pour quoi Aaron Swartz s’est battu, c’est ce pourquoi beaucoup d’autres se battent… libérer la connaissance et la verser dans le pot commun, pour que les bases de données scientifiques, les anciens recueils, les photos de la Joconde, les images des grottes de Lascau, les œuvres soient accessibles et utilisables par tous, aussi bien scientifiques du MIT que pays en voie de développement. De nombreuses propositions concrètes existent pour faire évoluer la situation : que l’on réduise le droit d’auteur pour augmenter le partage, la diffusion de la connaissance et le partage de la culture par exemple.

Nous devrions tous être concernés lorsque l’on parle du domaine public, nous devrions tous être sensibilisés et sensibles à cette ressource qui est la propriété de tous et d’aucun.

Je vois la transversalité dans ces causes, les mêmes fondements que ceux que je retrouve dans les mouvements des monnaies complémentaires au code libre, transparent et modifiable par les utilisateurs. Je vois les mêmes valeurs que celles qui nourrissent l’ESS, de Terre de Liens, de la NEF et biens d’autres coopératives qui créent une économie qui a du sens basés sur des liens humains. J’y retrouve les mêmes valeurs que ceux qui se battent pour ce grand Bien Commun qu’est la Neutralité du Net. J’ai ressenti la même volonté chez les indignés et les anonymous qui par milliers se sont levés pour dénoncer les limites criantes et l’hérésie du système en place qui réduit les droits et espaces de libertés. Je sens les liens également avec la montée du Parti Pirate et des défenseurs des logiciels libres et du partage. C’est évidemment la même source qui nourrit les partisans du revenu de base, ce revenu minimum pour tous. Je trouve la même dynamique que celle qui motive la défense du brevetage du vivant, la protection des semences… Les mêmes valeurs encore qui sous-tendent le Forum Social Mondial, l’émergence et la reconnaissance de la Société Civile.
Je vois les mêmes valeurs encore que celles des défenseurs de l’écologie, des indiens d’Amérique ou d’ailleurs qui défendent la Terre, l’Eau, l’Air, les forêts… comme Biens Communs de l’Humanité.

Au-delà des différences apparentes, il y a des choses que nous avons en commun, ces choses, ces causes, ces sujets qui nous relient et nous rassemblent, ces valeurs qui nous ré-unissent.

J’ai choisi de me spécialiser dans les monnaies car c’est pour moi un sujet qui me semble central et stratégique pour débloquer la rareté artificielle et les comportements individualistes, pour sortir de la compétition des uns contre les autres et du sentiment de séparation. En même temps je soutiens, encourage, lis et relie les branches voisines, mes coopérateurs et coopératrices qui œuvrent pour les combats similaires et parallèles qui défendent, améliorent et libèrent les autres branches de notre société vers plus de partage, plus de liberté et plus de bon sens.

Il est temps de relier les causes communes et de réunir les forces encore trop dispersées.

Je ne connaissais pas Aaron mais son combat est le mien, je me reconnais dans son action et son indignation. Je me reconnais dans sa vision, je me reconnais dans les autres causes que j’ai citées plus haut car elles contribuent toutes à plus de libertés individuelles et collectives et elles contribuent à plus de sécurités pour l’individu et pour les communs face aux intérêts privés.

Nous sommes quelques groupes à défendre, de plus en plus nombreux, à pousser, à faire avancer chacun dans notre silo : le droit, la mentalité, les pratiques pour qu’un nouveau paradigme puisse émerger, reconnaissons-nous et aidons-nous à faire émerger les causes des uns et des autres, nous partageons les mêmes valeurs fondamentales, nous défendons les mêmes causes.

  • Je choisis et recommande la non-violence comme principe essentiel d’action car toute violence sur l’autre est une violence que je m’inflige à moi-même dans cette conscience que je ne suis séparé de l’autre qu’en apparence.
  • Je choisis l’action créative et la coopération pour développer et mettre en place de nouveaux modèles qui rendent les anciens obsolètes.
  • Je choisis le dialogue, la confiance en la justesse de mon action et la patience lorsqu’il est nécessaire de faire évoluer l’existant.
  • Je choisis de sensibiliser, expliquer et former aux pratiques du partage, à la notion de Domaine Public, de Biens Communs, de brevetage du vivant, de bio-piraterie et je soutiens les organisations qui œuvrent dans ce sens.
  • Enfin je choisis la désobéissance civile en conscience et le droit à l’expérimentation lorsque la loi est dépassée, contraire aux intérêts de l’Humain

 

Le Domaine Public, les Biens Communs de l’Humanité doivent être reconnus et défendus par Tous et pour Tous!

Faisons rentrer le Domaine Public dans nos textes de lois!
Chaque pas, chaque victoire d’une de ces organisations, de ces causes contre les intérêts privés et égoïstes est une victoire pour Tous.
N’attendons pas une nouvelle Hadopi, un nouvel ACTA, un nouvel Aaron pour agir et ouvrir les yeux sur cette monétisation grandissante et perpétuelle de l’argent-dette sur notre Culture, nos Communautés, notre Terre, nos Œuvres et nos Vies pour promouvoir, défendre et développer nos libertés fondamentales!
Nous l’emporterons sur nos propres parts égoïstes, car notre Nature profonde nous montre l’exemple et le chemin… il n’y a qu’à suivre notre Cœur.

En avant les communs!

// Quelques manifestos.. à compléter!
Public Domain Manifesto
Guerilla Open Access Manifesto
Le Manifeste de Savoirs com1
Manifeste pour la récupération des biens communs
Manifeste pour la protection de notre héritage génétique
Manifeste sur l’avenir des semences

3 réflexions sur “Manifesto pour la reliance des causes communes

  • 3 février 2013 à 20 h 28 min
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    Le domaine public ne peut être étendu, et en expansion infini… que si la société met en même temps en place une forme de revenu de base (non Galuel ne s’est pas glissé en moi). Dans le cas contraire, nous vivons hors du domaine public et y reversons le surnuméraire… et c’est pas assez, mais on peut pas demander plus… Vouloir tout partager, c’est faire fit qu’il existe deux mondes. Pour le moment ils se dévorent l’un l’autre. Et je ne suis malheureusement pas sûr que le domaine public soit en train de l’emporter…

    Sinon bien sûr j’adhère à tes points. Il y a tout ça dans La quatrième théorie, sauf peut-être la non-violence… mais elle n’est possible qu’en tant que groupe institué. Swartz s’est suicidé, c’est une putain de violence. à l’échelle individuelle, il y a des moments où tu ne peut y échapper. à l’échelle collective, c’est inacceptable.

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  • Ping : Causes communes

  • 5 février 2013 à 9 h 18 min
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    Merci pour ce billet, vous citez à juste titre les communs, nous sommes convaincus avec le collectif SavoirsCom1 (dont je suis co-fondateur) qu’il s’agit d’un paradigme nouveau et d’une ligne politique forte capable de faire cause commune. Nous défendons le domaine public et d’autres sujet exprimés dans le Manifeste : http://www.savoirscom1.info/manifeste-savoirscom1/ rejoignez nous si vous le souhaitez 🙂

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